La plupart des gens veulent des réponses. Moi, j’ai toujours eu une attirance étrange pour les questions. Pas celles qu’on pose pour briller, ni celles qui cherchent à résoudre. Les vraies questions. Celles qui restent ouvertes, comme une porte qui donne sur l’inconnu.
« Que puis-je trouver sur ce chemin ? » Ce n’est pas une question qu’on pose pour obtenir quelque chose. C’est une question qu’on vit. Une question qu’on porte avec soi, comme une pierre dans la poche. Elle ne sert pas à aller plus vite, mais à se souvenir pourquoi on marche.
Ce genre de question agit comme une boussole intérieure. Elle ne pointe pas vers une destination, mais vers une direction. Elle ne cherche pas à clore, elle cherche à ouvrir. À faire de la place à ce qu’on ne sait pas encore. C’est peut-être ça, l’esprit de l’exploration : oser aller là où l’on ne sait pas ce qu’on va trouver.
Avec le temps, j’ai compris que la manière de marcher compte plus que le but. Il y a des façons d’avancer qui ferment les possibles : vouloir prouver, vouloir réussir, vouloir contrôler le résultat. Et puis il y a d’autres manières : marcher en étant présent, en écoutant ce qui remue à l’intérieur, en laissant venir ce qui vient.
Je croyais qu’un jour je saurais. Qu’en allant assez loin, je finirais par tomber sur une vérité solide. Mais ce que je trouve, à chaque pas, ce sont des surprises. Des bifurcations. Des choses qui n’étaient pas prévues et qui, pourtant, changent la carte.
Et ce qui me frappe, c’est que cette manière d’explorer, on peut aussi la transmettre. Ou du moins, la rendre possible chez l’autre. C’est ce que je découvre quand j’accompagne. On croit souvent qu’aider, c’est donner des réponses. Mais en réalité, c’est souvent l’inverse. C’est créer un espace où une vraie question peut respirer.
Il m’arrive de coacher ou de manager. Et dans ces moments-là, j’essaie de ne pas précipiter les choses. Je pose des questions qui ne cherchent pas à guider, mais à éclairer. Et puis j’attends. Je regarde ce qui se passe. Parfois il ne se passe rien tout de suite. Mais un peu plus tard, quelque chose bouge. Pas à cause de moi. À cause de la place laissée à la question.
La plupart des gens n’ont pas besoin qu’on les pousse. Ils ont besoin qu’on tienne l’espace pendant qu’ils se posent la vraie question. Pas celle qu’ils formulent pour faire bien. Celle qui les travaille de l’intérieur. Et c’est là qu’on voit si la posture tient : est-ce qu’on est capable de ne pas intervenir ? De ne pas remplir le silence ? D’attendre que la personne trouve par elle-même ce qu’elle cherchait sans le savoir ?
Ça demande une forme de confiance. En l’autre. Dans le chemin. Et même dans le non-savoir. Parce qu’au fond, accompagner quelqu’un, ce n’est pas lui dire où aller. C’est marcher à côté de lui, sans carte, et accepter que ce soit lui qui découvre.
Et ça ne marche que si on le vit soi-même. Si on est encore capable de se poser cette question simple, presque enfantine : que puis-je trouver sur ce chemin ?
Pas : qu’est-ce que je dois prouver.
Pas : comment réussir.
Juste : qu’est-ce qui pourrait surgir, là, si je ne cherchais pas à tout maîtriser.
Parfois, ce qu’on trouve, ce n’est pas un but. C’est une qualité de présence. Un nouveau regard. Un morceau de soi qu’on n’avait jamais vu. Parfois, ce qu’on trouve, c’est une autre question. Plus vivante. Plus juste.
Alors non, je ne sais pas ce que je vais trouver sur ce chemin. Mais je commence à comprendre que c’est précisément là que réside sa valeur : dans le fait qu’on ne sait pas — et qu’on y va quand même.
Mustapha est diplômé en Télécommunications de l'ENSEEIHT de Toulouse, MBA de l'IAE de paris. Il est également certifié PMP et "Agile Certified practitioner"
Ces interventions portent sur la gestion des projets, méthodes agiles, Design Thinking et les techniques d’innovation.
Membre actif de la communauté Agile, il intervient régulièrement dans des conférences et anime des ateliers pour faciliter l’apprentissage et le travail par le jeu.
